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Michele Evangelisti

Ma première PTL : une expérience d’entraînement inoubliable

Je suis rentré le lundi 2 septembre avec toujours autant de mal à dormir : mon rythme veille-sommeil a encore besoin de se rétablir. Je dois avouer que c’est l’une des expériences les plus passionnantes et formatrices qu’il m’a été donné de vivre. Elle est en totale adéquation avec mes envies de me surpasser, aussi bien mes limites que moi-même.

Pour ceux qui ne s’en rappellent pas (j’en ai parlé dans mon dernier article), j’ai participé à la PTL ou Petite trotte à Léon, une expérience qui dépasse le concept classique de compétition. C’est une épreuve très spéciale qui se déroule tous les ans en France durant la dernière semaine d’août : les équipes sont sélectionnées par un comité de guides de montagne, et tous les participants terminant la course dans le temps imparti se voient décernés une cloche, sans classement. La course a été imaginée par un général de la Légion étrangère qui voulait tester la loyauté, et les capacités physiques et mentales de ses soldats. La PTL se révèle en effet être une épreuve aussi bien mentale que physique. Mon corps est physiquement bien entraîné, je participe à des compétitions de trails et d’ultra-trails depuis plusieurs années et je suis habitué à travailler dur. Mais je suis passé par des moments très intenses durant ces jours. Tout d’abord, je n’aurais jamais pu compléter la PTL sans Sergio et Veronica : les équipes sont fondamentales. Notre #teamrock (c’est ainsi qu’on a nommé notre équipe pour la PTL) y est parvenue en gérant bien les énergies et en organisant de la meilleure façon les rôles au sein du groupe : l’un s’occupait du GPS, l’autre avait le roadbook et le dernier gérait les aspects plus techniques de la route.

Les participants et les statistiques de la PTL dans le Mont Blanc

Au cours de la PTL, seuls 20 % des membres sont des novices dans cette compétition. Le chiffre est étrange mais compréhensible. Généralement, il y a de nouveaux membres dans les trails ordinaires et les participants changent souvent. Dans ce cas, il s’agit d’une compétition impressionnante dont la première approche n’est pas aisée.

Il a fallu 146 heures, 4 minutes et 55 secondes à mon équipe pour compléter la course, en ne dormant pas plus de 9 heures. Nous maintenions un rythme qui nous permettait de consommer la quantité d’énergie adéquate, sans trop nous fatiguer. En cours de route, nous avons dû nous frayer des passages sur le glacier, traverser des éboulements de canaux et grimper à des parois faites de décombres : nous devions faire preuve d’une extrême vigilance, bien plus que durant une course en montagne régulière. Selon moi, cela requiert un minimum de compétences techniques en milieu montagnard et de ne pas avoir le vertige afin de terminer l’épreuve sans risque.

Les difficultés pendant la PTL Mont Blanc

Commençons pas les difficultés physiques : Je dirais que le premier problème est de parcourir plus de 26 000 mètres de dénivelé positif en 152 heures et 30 minutes, répartis sur plus de 300 km de route. Et le second est de le faire dans une durée limitée.

De plus, l’altitude (dépassant 3 000 mètres la plupart du temps) est écrasante à la longue. Heureusement, le temps a été clément et nous n’avons pas essuyé d’orages ou de grosses pluies. Mais, à cette altitude, le soleil est brûlant et fatigue rapidement, tout particulièrement avec peu de sommeil.

À propos des difficultés mentales, on pourrait en écrire un livre entier : il faut être vigilant au GPS qui est une activité qui demande beaucoup d’énergie, en plus de devoir faire attention à la route et où on met les pieds. Les sentiers ne sont pas balisés et si vous faites une erreur, le plus gros risque est de se perdre sur des chemins dangereux, ainsi que de ne pas pouvoir respecter le temps imparti et de gaspiller une précieuse énergie. Il faut passer par des « points de passage » où vous êtes enregistré à l’aide d’une puce.

La carte téléchargée sur le GPS affiche le roadbook indiquant quatre routes de différentes couleurs : rouge (chemin), bleue (chemin alternatif en cas d’éboulement, de glissement de terrain ou d’importantes intempéries), noire (route possédant un taux technique élevé) et jaune (hors-piste inexploré). Nous avons fait face à des corniches très exposées, des escaliers, des avalanches, des rochers escarpés ; et conserver un degré maximum d’attention est compliqué après un certain nombre d’heures. Nous ne pouvions compter que sur deux bases vie dans lesquelles se trouvaient nos habits et chaussures de rechange, et sur une douzaine de refuges autogérés pour dormir et manger.

Le repos et l’alimentation au cours de la PTL Mont Blanc

Manger et dormir constituaient deux aspects critiques supplémentaires à ne surtout pas négliger. J’avais préparé chez moi des rations sous vide d’aliments, comme la polenta, le riz et le parmesan, qui ne se détériorent pas et apportent de bonnes quantités de glucides et de protéines. J’ai combiné ce type d’aliments avec des repas lyophilisés congelés à dissoudre dans de l’eau.

Pour terminer, nous avons aussi cueilli des myrtilles, des mûres et des framboises sauvages qui nous ont principalement procuré une charge émotionnelle : on s’est senti plus proche de la nature et la montagne nous a paru moins hostile.

En ce qui concerne le sommeil, nous devions gérer notre fatigue de manière intelligente afin de ne pas succomber/abandonner. Il nous est arrivé de nous arrêter 5 à 10 minutes pour nous reposer et combattre une fatigue soudaine, et nous dormions 1 à 2 heures à chaque intervalle de 24 heures dans les refuges mis à disposition par l’organisation de la PTL. Qu’il fasse jour ou qu’il fasse nuit, nous nous reposions selon les besoins.

Se rétablir après la PTL Mont Blanc

Après un effort physique tel que la PTL, récupérer n’est pas facile. Au cours de l’épreuve, le sang ne peut pas s’oxygéner convenablement car, en réalité, nous n’avons jamais pu nous reposer et à la fin de la compétition, c’était vraiment dur. Maintenant, la première chose à faire est de retrouver un rythme veille-sommeil régulier : il m’arrive d’être par moments très fatigué en journée, puis de ne pas pouvoir dormir la nuit. Cependant, je sais que je vais bientôt me sentir de nouveau en forme !

Pour récupérer physiquement, la première chose à faire est de reconstituer les réserves de liquides. De plus, il est nécessaire de soigner les inflammations des muscles et du dos (le sac à dos et la poche pesaient environ 15 kg). Le rétablissement complet et total va prendre approximativement un mois.

Mes satisfactions après la PTL Mont Blanc et mon prochain défi

Grâce à la PTL, j’ai eu la chance de découvrir des endroits que je n’aurais jamais pu voir. Mais l’aspect de l’épreuve dans lequel j’ai été le plus impliqué reste le partage de cultures, d’énergies et d’idées avec les autres équipes du monde entier. Dans les moments difficiles, nous avons soutenu d’autres participants et on nous a aussi aidés en nous prodiguant des conseils comparatifs et toujours productifs. J’aime décrire cette aventure comme une expérience enrichissante d’un point de vue humain, et c’est l’aspect que je préfère.

De plus, grâce à cette collaboration, 119 équipes se sont lancées et seulement 25 se sont retirées.

Un autre bonheur immense m’a été apporté par les locaux : tous les participants, y compris notre équipe #teamrock, portaient un bracelet violet et un kilomètre avant l’arrivée, les gens ont commencé à nous féliciter et à applaudir l’effort que nous venions d’accomplir.

Je considère la cloche que nous avons reçue comme l’un des trophées les plus précieux. Lorsque je la fais sonner, je suis de nouveau transporté à la PTL et à sa « petite trotte » : je revis les moments intenses de difficultés et les émotions fortes. C’est une expérience que je recommande à tous mais qui ne peut être accomplie qu’après des années de préparation.

La cloche est la plus belle médaille que j’ai reçue.

Je dois désormais me remettre en selle et bientôt, je participerai à un éco-marathon pour reprendre un peu de vitesse. Je vous tiendrai au courant !

Et comme toujours, bonne course.

Michele

 

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